Travailler l’orthographe

Comment travailler les erreurs dans les textes personnels des enfants ?

1. Difficultés de l’orthographe

L’orthographe française, même si elle a des régularités certaines, comporte de nombreuses exceptions, difficiles à appréhender.

Loin de là mon idée de la trouver plus dure qu’une autre, mais il faut se rendre à l’évidence que l’apprentissage de notre langue maternelle est compliqué à l’écrit.

Voici deux exemples piochés dans l’excellent livre « La faute de l’orthographe » de A. Hoedt et J. Piron.1

Confiture de groseilles et gelée de groseille.

La confiture de groseilles prend un « s » car on aperçoit la forme des fruits contrairement à la gelée qui est une masse informe et donc inquantifiable.

Résonner et résonance ?

Pourquoi l’un prend un « n » alors que l’autre en a deux ?

Il y en a bien d’autres évidemment avec les pluriels des noms en « s » ou en « x », les conjugaisons, le « c » qui change de son etc.

Autant de difficultés qui selon les personnes seront différentes. Certains verront les pluriels facilement quand d’autres trouveront aisé les différences lexicales. Alors comment travailler à son rythme, tout en ne révisant que ses erreurs ?

2. L’imprégnation

Pour Paul Le Bohec, l’imprégnation suffit à réparer le plus grand nombre des erreurs faites par les enfants.

« Maintenant, je suis persuadé qu’on peut écrire correctement sans passer par des leçons et des exercices. Il suffit de simples petites rectifications.

Je pense que l’apprentissage par imprégnation est une question de très grande importance. Il va falloir commencer à travailler dessus. » 2

Quand on corrige un texte libre, pas besoin d’énoncer les règles qui régissent l’orthographe, une simple rectification suffit le plus souvent. Mais quand elles persistent, parce que cela peut arriver bien entendu, que faire ?

Un outil est bien pratique pour finaliser l’apprentissage.

3. Les groupèmes, qu’est-ce que c’est?

Paul Le Bohec les définit comme cela :

« J’appelle groupème ce mot qui contient plusieurs mots. »

Pour moi un groupème est un ensemble de mots ayant une signification.3

Les textes libres des enfants sont corrigés4 en dualité et apprennent à écrire grâce à l’imprégnation. Bien entendu certaines erreurs reviennent régulièrement, et c’est à ce moment que j’utilise cet outil :

4. Mes groupèmes, l’outil

Un outil simple d’utilisation et surtout très efficace. Une sorte de dictionnaire des groupèmes qui posent problème.

Chacun se retrouve à travailler sur ses difficultés. La différenciation est de mise et permet à chacun d’avancer à son rythme.

Comment l’utiliser :

A. L’enfant commet une erreur à plusieurs reprises.

B. L’adulte note dans le carnet l’erreur dans la graphie souhaitée.

C. L’enfant s’entraine, quand il le souhaite ou pendant des temps précis. Dans la classe cela se passe en quatre temps :

  1. Les yeux ouverts : on regarde le groupème travaillé.
  2. Les yeux fermés : on imagine le groupème dans sa tête.
  3. On écrit les yeux ouverts : on écrit le groupème en regardant.
  4. On écrit les yeux fermés : on écrit le groupème les yeux fermés.

D. Le vendredi, en binômes, un enfant interroge son camarade et le corrige puis les rôles sont inversés.

J’ai pu observer dans mes classes des progrès très intéressants grâce à cet outil et à cette pratique. Les enfants écrivent plus volontiers, car la correction n’est plus un sacerdoce démotivant.

À essayer.


  1. Hoedt et Piron, La faute de l’orthographe, édition Textuel
  2. Paul Le Bohec, De l’imprégnation
  3. Paul Le Bohec, De l’acquisition de l’orthographe
  4. Le texte véritablement libre

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