Le débat libre de dessin

L’art n’est pas facile pour tout le monde, et surtout pour certains enfants qui ne se sentent pas légitimes dans leurs productions. Pour ces derniers, la pratique reste une copie de ce qui les entoure.

Pour se libérer et prendre confiance le débat libre de dessin est très utile.

Constat

Pour de nombreux enfants la pratique de l’art consiste à représenter le réel avec plus ou moins de réussite.

Plus c’est ressemblant et mieux c’est.

Plus c’est ressemblant plus c’est beau.

Il y a donc la création d’une échelle de valeur qui bloque l’enfant artiste.

À partir de là on perd la confiance, malgré les encouragements de son entourage ou de ses pairs.

Il faudrait à partir de ce constat que l’enfant plonge dans l’imaginaire pour s’extirper de cette « évaluation », ce qu’il fait très jeune, mais qu’il perd doucement au fil des « c’est beau ! » des adultes.

Cette confiance perdue, on pratique de moins en moins pour le plaisir, et les gestes deviennent moins assurés.

Cela devient difficile de s’aventurer dans l’imaginaire et de laisser libre cours à ses envies.

Pour se libérer nous avons adapté l’organisation de Paul Le Bohec1

pour libérer l’écriture mais adaptée au dessin.

Le débat libre de dessin

Organisation

Nous nous réunissons autour de la table ou dans un endroit qui nous semble adéquate. Il faut que nous puissions nous passer les feuilles sans avoir à se lever.

Matériel

  • Un crayon par participant, tous identiques.
  • Une feuille par participant, toutes identiques.
  • Un chronomètre.

Déroulement

La consigne est simple : dessiner sur la feuille.

Et on se lance.

Au bout du temps défini au début on passe la feuille à son voisin, qui fait de même. Et on commence à dessiner ce que l’on veut.

On s’arrête de tourner quand la feuille originale revient à son dessinateur.

À ce moment-là on affiche tous les dessins sur un mur, et on se place en demi-cercle autour.

Nous commençons une discussion sur les dessins. À la manière des débats mathématiques2

les enfants doivent justifier leurs propos.

Quand le débat flotte un peu, l’adulte, qui fait partie intégrante du groupe, relance avec une de ses observations ou rebondit sur ce qui a été dit auparavant.

À la fin, nous jetons toutes les feuilles, on ne garde aucune trace de ce moment si ce n’est le vécu du groupe.

Important

Il faut définir au début de la séance un temps de dessin, et dans quel sens nous tournons afin de ne pas se retrouver dans des négociations interminables, nous sommes là pour se faire plaisir.

Le matériel doit être rigoureusement identique pour ne pas laisser place à la moindre identification lors du débat. Si le groupe est positif je ne pense pas que cela soit grave, mais l’objectif est de se libérer.

Il n’y a pas d’objectif pédagogique. Nous sommes là pour créer ensemble, la technique c’est pour un autre moment, là on se libère de nos difficultés.

Toutes les discussions sont acceptables, il n’y en a pas de meilleure que d’autres, par contre nous ne restons pas sur le beau. Il faut aller plus loin, où ? Personne ne le sait.

Observations

Depuis que ce débat libre de dessin est en place dans la classe, j’observe des enfants se libérant doucement en art.

Déjà ils veulent le faire au moins une fois par semaine, et quand il n’a pas lieu il faut le rattraper.

Le langage autour de l’art et de ses représentations est de plus en plus précis.

Les productions artistiques sont de plus en plus nombreuses et inventives.

La bienveillance des enfants vis à vis des pratiques artistiques de chacun est notable également. L’entraide spontanée est visible dans ce domaine. Il n’est pas rare d’entendre « tu veux que je t’aide à dessiner ce personnage? ».

Alors si vous essayez, le maitre-mot est amusez-vous!!!


  1. Paul Le Bohec, 1983, Ah! Vous écrivez ensemble…

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