Projets personnels et fuites des enfants

Définition du mot projet

Je pense qu’il faut tout d’abord bien définir ce qu’est un projet, en tout cas le sens que l’on veut y mettre derrière, et être bien au clair avec ça.

Dans la société actuelle, le mot projet est un terme de management obligeant les personnes à avoir des objectifs très clairs et des obligations.1

Extrait de la conférence.

Pour moi, le mot projet dans la classe est tout autre. Je l’entends par une activité d’un enfant (sens vraiment général).

Une fois cela définit, je n’attends rien de ces activités, et il peut en ressortir beaucoup.

Activités des enfants

Ainsi quand un enfant est en activité j’ai tendance à le laisser.

Ils présentent ensuite et en font souvent un atelier car d’autres ont envie d’apprendre à faire pareil.

C’est là que la formalisation est importante pour moi.

Avec quelques-uns on a travaillé sur deux fiches de préparation d’ateliers et de projets. (voir pièces jointes)

On s’en sert beaucoup dans la classe à des moments bien différents :

La fiche de préparation de projets

Un gros projet est en préparation, il faut le structurer, on réfléchit ensemble sur les différentes étapes de sa préparation (journal, classe de neige, sortie, chorale, etc.).

J’estime qu’un enfant se lance dans un projet de manière trop aléatoire, je l’aide à se structurer grâce à cette fiche également. S’il n’en a pas besoin après une petite discussion individuelle, je laisse faire et on verra bien ce qu’il en sortira.

Exemples du moment :

1 – deux jeunes filles de la classe peignent en ce moment toutes sortes de femelles à la suite d’un accouchement, avec le placenta encore présent. Cela fait un beau panel d’animaux qu’elles présentent. Dans tous ces exemples, une poule se glisse avec des œufs et des poussins.

Ce que je prenais pour une fuite, car elles se sont lancées dans la peinture clairement pour ne pas avoir à écrire au moment de l’atelier d’écriture, est devenu une galerie de peintures et nous a permis une recherche sur le placenta, les mammifères, etc.

2 – trois enfants qui passent leur temps au coin construction (Lego surtout) étaient dans la fuite de toute activité obligatoire. Et j’ai décidé de les obliger à venir en atelier écriture (obligatoire si on n’a pas écrit dans la journée). Ils étaient seuls, on a donc discuté de cet état. Dans la discussion, ils m’ont montré leurs constructions, et de fil en aiguille on s’est retrouvé à expérimenter la poussée d’Archimède, calculer le poids du bateau, expérimenter la flottabilité, etc.

Cette fuite a permis au final de faire de belles choses.

Ce n’est pas toujours comme ça, mais ces fois-là ont bien fonctionné.

La fiche de préparation d’ateliers

Celle-ci permet à l’enfant qui propose un atelier de structurer ce qu’il va faire, à la manière d’un marché des connaissances.

Ces ateliers sont proposés surtout aux bilans de fin de journée. Souvent ce sont des activités faites dans la journée, pas forcément en lien avec ce que j’attendrais de l’école, mais cette fiche permet de faire beaucoup de choses formelles tout en montrant à l’enfant que la structuration d’une idée c’est facile, et surtout ça aide.

Depuis les ateliers des enfants sont beaucoup mieux accueillis, se multiplient et surtout permettent à tous d’avancer. De mon côté, cela me rassure, car l’enfant écrit, réfléchit, revient sur son activité et surtout formalise ses apprentissages.

Exemple : jeudi, une fille de la classe s’est créée de magnifiques tongs en papier. Vous me direz, que bon ce n’est pas ce que l’on attend de l’école. Cette jeune fille les a présentées, et s’est retrouvé avec une myriade d’enfants voulant les mêmes.

Ni une ni deux, je demande si elle souhaiterait préparer un atelier pour le lendemain, et voilà qu’elle se lance dans son premier atelier dirigé. (CE2, 3 ans dans ma classe et premier atelier).

On prépare sa fiche d’atelier ensemble, elle remplit sa fiche (elle pour qui écrire c’est une corvée), elle anticipe tous le matériel dont elle va avoir besoin et vaille que vaille, part à la maison. Dans la soirée, elle a réfléchi à améliorer la confection de ses sandales en y apportant une touche cartonnée.

Elle revient le lendemain avec le matériel supplémentaire nécessaire et voilà qu’un coin de la classe s’est transformé en manufacture de sandales en papier et carton.

La petite a écrit, structuré son projet, a passé sa timidité et a transmis aux autres. Que du bonheur d’une activité « sans importance ».

Ces fiches comme tout outil servent surtout à ceux qui en ont besoin. À partir d’un moment, les enfants s’autonomisent et se structurent sans aide.

Exemple :

les grandes de la classe (5 ans dans la classe, elles en ont mangé des fiches de préparation) ont organisé des olympiades sportives pour la semaine prochaine sans fiche de préparation officielle, mais se sont faits une liste de choses à faire pour que cela fonctionne parfaitement et que tout le monde soit content.

Finalité

Je crois que ces fuites peuvent aboutir à quelque chose de rassurant pour nous adultes.

Bien entendu ce n’est pas toujours le cas, et je crois que notre part et de déceler, individuellement, quand on a besoin d’intervenir et donc de proposer aux enfants pour qui on pense qu’il est important d’intervenir, d’aider à se structurer, de le faire avec nos outils. Peut-être pousser un peu, demander où ils veulent en venir, discuter, proposer.

Ce n’est pas facile, et on va se tromper souvent, l’important est que l’on comprenne nos erreurs pour essayer de ne plus les refaire.


Annexes


  1. Lepage F. – conférence gesticulée lien

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *